La Vie Immédiate

La Vie Immédiate

Cristallisation

 

L'âme parcellée par mes ancêtres. Ancêtres que je n'ai jamais connus. Rien de leur vie n'est à ma connaissance. Je n'ai jamais foulé le sol de leur naissance. Jamais senti la douceur de leurs joues ni regardé la vie à travers la lumière de leurs yeux. Vous, mes ancêtres, pourtant, vous m'habitez. Je vous porte en moi, vous êtes tous mes secrets, toutes mes richesses, tous mes regrets. Il est trop tard pour faire connaissance. J'ai peur de mourir avant que vous ne m'ayez révélé le sens de l'existence.

 

J'embrasse l'arbre, qui me prête ses racines. Il prend ce que j'ai de mal. M'accepte telle que je suis. Dans son écorce je souffle mes écorches. On m'a dit : « Les racines ne sont pas importantes ». Das ist eine Lüge ! It's a lie ! Le roseau de ma souffrance se nourrit des racines absentes. Ma maison est partout et nulle part. Comme le chat, je rôde.

 

Aujourd'hui j'ai voulu capter le ciel. Je n'ai vu que l'irréel. Et j'ai la rage au  ventre. Une colère inconnue, une colère sans nom. Et ses doigts crochus déchirent mes boyaux. Je pousse un cri de silence à la tête de la foule rieuse. Personne n'a à craindre de ma colère orpheline. Soigneusement dirigée sur moi, je la pointe contre ma tempe, qui éclate sous la fureur des pulsions. L'ivresse du vin des raisins de la colère.

 

Je ris au soleil qui de mes larmes cristallise le sel. Qui ronge mes pommettes hautes. Je regarde dans l'œil des vagues et j'ai la nausée. Leur mouvement joue de la harpe avec mes nerfs tendus.

 

Au fond, il ne reste que tristesse. Tout au fond, j'ai tout pour être heureuse.

 

 

 

 



02/06/2007
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