Fil de vie
William-Adolphe Bouguereau "Dante and Virgil in Hell"
Laisse courir. Ne réfléchis pas. Les doigts sur le clavier trouveront sûrement les mots pour remplir le vide. Le vide d'esprit. La non-existence. Se perdre dans les rues de sa propre ville. Mais je n'ai pas de ville. Toujours ce sentiment de n'être que de passage. Rôder comme un chat. Ne pas penser à demain. Est-ce que je pense à hier ? Je n'ose téléphoner à la maison. Je suis une fille indigne. J'avance la chaise ! Ne pas perdre le fil. Mais il n'y a pas de fil ! Qu'est-ce que je raconte ? Il n'y a jamais eu de fil. Que des jours. A quoi bon ? C'est la question que je me suis toujours posée sans jamais trouver la réponse. Qu'il y a-t-il à apprendre ? Il y a-t-il à prendre ? Pourtant les jours passent. Je n'ai rien crée, rien fait qui vaut la peine d'être mentionné. Je suis dans la journée. Aujourd'hui, tu m'as demandé de décrire une scène vécue, pour m'expliquer la notion d'association et de dissociation en PNL. Et c'est là que je n'ai vu que de l'or. La couleur des feuilles d'automne était d'or. Je n'ai senti que le sol, les feuilles, mes pieds qui foulaient ce sol, senti l'air qui passait dans les poumons et l'instant de bonheur intense vécu. C'est peut-être là la magie de la vie. Un sentiment de plénitude issu d'un rien, furtif, mais nourrissant. C'est la lumière éternelle au fond du tunnel noir. Celle qui fait rire aux larmes pour un rien. Celle qui permet de poser un pied devant soi, dans le noir, sans mourir de peur.