La Vie Immédiate

La Vie Immédiate

Papillons

 

J'écris l'amour dans le sable. Dans le sable l'amour s'efface à la première pluie de larmes sanglantes. En pierre l'amour résiste quand il ne faut pas. Synonyme Souffrance. L'amour guette, me fait tomber et m'allonger. Me prend sur un lit de mots morts et doucereux. Je n'ai jamais vomi des mots d'amour.

 

J'ai coiffé mon casque de guerrière et quitte la maison. Une armée d'ombres me pourchasse.  J'ai pendu les ombres un par un, mais on ne tue pas ses ombres. Mes ombres me dépassent, ont raison de moi.  Le blanc des  cygnes n'effacera pas le noir de mes pensées. Et tout ce que j'ai à dire je l'inspire. Fumer tue, Rauchen ist tödlich, Il fumo uccide. Suicide poétiquement correct ! J'avale les mots comme je respire !

 

Car chaque mot prononcé augmente la distance. Le fruit de mes entrailles ne colmate plus les fissures. J'ai le cœur au bord des yeux et deviens aveugle. Les bruits du monde m'effrayent. Je voudrais rentrer dans la tête des autres et sortir par leurs yeux. Regarder leurs folies silencieuses.

 

Alors je garde le silence. Un silence qui vole aux éclats dès que je lui tourne le dos. Le silence est traître et allié à la fois. C'est mon rempart de défense, la tranchée de survie. Et derrière chacun de mes mots s'ouvre un abysse de mutisme. Je n'ai plus rien à dire. J'avale ma langue et j'étouffe de l'intérieur. Agonie délicieuse sous la protection d'un esprit vaillant. Esprit qui ne me laisse pas tranquille, Qui, comme mon cœur, frappe dans ma poitrine, bouscule les globules rouges de mon sang transparent. Tellement de pensées que je ne pense plus. Des pensées comme des papillons aux ailes de plomb. Alors je reste dans le mouvement des battements et attrape les papillons qui m'écorchent l'âme.

 

Aujourd'hui j'ai écrit « Je t'aime » en pierres tombales sur sable fin.

 

 



02/06/2007
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